Qui es-tu ?
Yseulys Costes, co-fondatrice d’un groupe appelé 1000Mercis en Europe et Numberly aux USA, côté en bourse en France.
On est un peu plus de 500 personnes.
On fait du data marketing.
D’où viens-tu et où en es-tu actuellement?
Je suis Aveyronnaise. Aujourd’hui je suis à Palo Alto depuis un peu plus de 2 ans. Au coeur de la compétition mondiale qui existe dans nos métiers.
Comment te considères-tu en 3 mots?
Chercheuse, qui est mon vrai métier à la base
Passionnée
Concentrée
Quel serait un jour “normal” dans ta vie?
Je commence tôt, parce qu’on est dans la Silicon Valley
Je démarre par les interactions avec l’Europe à cause du décalage horaire, puis vient la côte Est, puis enfin la Valley.
Cela fait trois étapes dans une même journée.
Quelle expérience considères-tu comme la plus impactante dans ta carrière aujourd’hui?
Quand j’ai rencontré Internet quand je faisais mes études aux USA en 1995.
Je suis arrivée ici venant de l’université de Paris-Dauphine. On m’a donné ma carte d’étudiante et une adresse mail.
C’était la naissance de Yahoo.
Je me suis dit “ça va tout changer, on va pouvoir canaliser de la donnée, récolter de la donnée, travailler sur de la donnée pour très peu cher”
J’ai commencé à exercer dans un cadre académique d’abord.
On a monté la boite en 2000. Un peu par hasard, car je n’avais pas d’ambition entrepreunariale. Et ça a marché. Et ça a grandi…
Que ferais-tu différemment maintenant qu’il y a plusieurs années?
Je pense que j’aurais été aux US plus tôt. On travaille sur des marchés où le fait d’être ici accélère l’innovation.
Quel conseil partagerais-tu avec les jeunes?
Je suis pas très forte en conseil [rires]
Il faut avoir une vision non linéaire de sa vie professionnelle.
C’est pas un truc déterministe. Il y a des phases, des moments. Il faut vivre pleinement chacune de ces phases et ne pas avoir peur d’avoir des ruptures.
Je suis passée du monde académique au monde entrepreunarial. De la France aux USA.
C’est dur. Il faut de l’élasticité, de la capacité à se remettre en question. Je pense que c’est intéressant, que ça fait grandir. C’est important.
Il y a pas de modèle de réussite. Il faut pas s’enfermer dans des modèles de réussite. Les modèles ne sont pas en compétition. Chacun se sent bien dans un environnement à un instant T, cela peut changer au cours de la vie
On a tendance à normer les choses. Ce n’est pas bien, car tous les ecosystèmes ne sont pas adaptés à tout le monde.
Comment priorises-tu les choses/tâches dans ta vie quotidienne?
Mal. Je ne sais pas [rires]
C’est difficile la priorisation. C’est surement ce qui est le plus dificile à faire.
Déjà j’ai une priorisation par le temps. Le décalage horaire génère plein de choses. Par exemple si je veux faire des choses avec l’Europe c’est avant 11h.
Après je priorise comme je pense au moment T. Ce n’est pas toujours parfait, je fais ce que je peux et il faut l’accepter, sinon ça rend malheureux.
Quelles sont tes facteurs clés de motivation?
J’ai besoin que les choses m’amusent, qu’il y ait du jeu dans les choses, intellectuellement ou dans l’interaction entre les individus.
Ca me fait rire les gens qui disent “moi je veux un job mais je veux pas refaire les mêmes choses”. Personnellement ça me dérange pas de refaire, mais j’ai besoin de trouver un amusement, de travailler avec des gens en qui j’ai confiance, qui ont de l’aspérité
De manière générale, es-tu satisfait(e) de ta performance personnelle et/ou professionnelle aujourd’hui?
Je suis quelqu’un d’extrêmement insatisfaite globalement. Je suis pas du tout au bout. Je me trouve pas assez efficace, ça va pas assez vite.
D’après toi, quels sont les éléments clés pour finaliser des projets avec succès (d’un point de vue personnel et professionnel)?
Je pense que c’est d’avoir une vision claire de là où on veut aller et être flex sur la manière d’y aller
Penses-tu avoir un équilibre de vie entre l’aspect personnel et l’aspect professionnel ?
Je suis totalement opposée à l’idée de “worklife balance”. C’est un concept auquel je n’adhère absolument pas.
Dans l’idée de “balance”, il y a l’idée de compétition entre deux mondes. Ce qui me semble être totalement surréaliste et générant beaucoup de confusion pour plein de gens. Et notamment pour les femmes.
Si l’on considère qu’il y a un montant d’énergie donnée, et que cette énergie tu dois la driver vers du personnel ou du vers du professionnel et que c’est un trade-off, c’est impossible.
Je pense que l’énergie est quelque chose que l’on fabrique et que ce n’est pas un sujet de localisation.
Je pense qu’il faut être à l’aise quand on fait les choses au moment T. En regardant le passé, on se dit qu’on peut faire les choses différemment.
Si on passe son temps à se demander si on est dans la bonne “balance”, on peut être très malheureux. Cela devient très vite très culpabilisant et très inhibant.
Et je pense que tout cela est un frein et rend très malheureux.
Pour aller plus loin, et élargir sur l'entrepreneuriat, on est vraiment loin des idées de liberté qui sont véhiculées en général.
Comment gères-tu ton environnement personnel au vu de ton succès professionnel?
Mal. Comme le professionnel. Du mieux possible.
Tu fais du mieux que tu peux. Je pense que c’est imparfait. Après je pense que tant que tu fais les choses avec générosité et plaisir, c’est ça qui compte. Quand tu commences à compter, c’est plus du tout rigolo
Penses-tu que l’impact des femmes ait changé au cours des dernières années?
Pas assez. Pas assez.
Je pense que même dans un monde qui est jeune comme celui de la tech, on partait sans trop de legacy. Ca n’a pas beaucoup changé. Pas beaucoup
Les statistiques sont vriament pourries.
Donc pas assez.
D’après toi, quel est l’élément clé sur lequel les femmes devraient se concentrer actuellement?
Ne pas avoir peur
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